Brennus ambassadeur du metal français

Huit ans après avoir créé Brennus Music, Alain Ricard fête le 100e album distribué par le label Sénonais.

Le label Brennus Music, basé à Villethierry, dans le Sénonais, sort son 100e disque. Dédié à la promotion du hard rock mélodique français depuis sa création en 1994, le label icaunais est le seul, dans le pays, à occuper ce créneau. «Habemus Metal», le nouvel album des Basques de Killers sera la 100e sortie de Brennus Music, compilations et rééditions incluses. Le label de Villethierry (Sénonais), emmené depuis les premiers jours par Alain Ricard, sert le hard rock français - mais pas forcément francophone - depuis huit ans. L'association est une division du collectif Musea, mais sa gestion financière et artistique est assurée par l'association Trait d'Union, basée à Villethierry, et qui veut promouvoir la culture rock au sens le plus large, dans le nord sénonais. Italie, Canada, USA, Brésil, Suède, Japon, Mexique, Israël, Pologne... Les disques estampillés Brennus sont disponibles presque partout dans le monde «excepté en Afrique et au Groënland» plaisante Alain Ricard. Des contrats de licence sont réalisés au coup par coup dans quelques pays : certains disques Brennus sont ainsi en vente en Russie, en Indonésie ou en Corée du Sud.

Alain Ricard, le découvreur

Alain Ricard n'imaginait pas un tel destin lorsqu'il créa le label en octobre 1994. A l'époque, son seul souhait était de faire découvrir les groupes dont il recevait les «démos» dans les émissions qu'il animait sur une radio. «Dans ces démos, il y avait beaucoup d'artistes français, notamment de hard rock. Ils n'envoyaient que des auto productions sur cassettes. Je voulais offrir une vraie distribution à ces groupes. Je me suis rapidement aperçu que le marché français était insuffisant». D'où cet effort pour exporter le metal français. «Je tiens à mon rôle de découvreur, de tremplin. Brennus est une petite structure qui n'a pas les moyens d'amener les groupes très haut. Alors j'essaye de les aider à progresser vers des labels plus importants. Quand des combos décrochent des contrats avec de plus grosses structures, j'éprouve à la fois une grande joie et une petite déception. J'ai réussi mon boulot de tremplin et j'ai contribué à ce que ces groupes soient reconnus à leur juste valeur». Et les groupes concernés sont nombreux : Dyslesia, Headline, Manigance, Dreamchild... Tous ont fait leurs armes chez Brennus Music avant d'être repérés par des structures plus importantes telles que Nothing To Say (NTS), Nuclear Blast, XIII bis ou Metal Blade. Après huit années, le label manager choisit toujours ces poulains de la même manière, en privilégiant la qualité et l'aspect relationnel. Il reçoit en moyenne une démo par jour, ce qui correspond à près de la moitié d'artistes français. «Les démos sont souvent mon premier contact avec les groupes. J'en élimine tout de suite une partie, soit à cause de la qualité de la musique, soit parce qu'elle ne correspond pas à l'esprit de Brennus. Pour le reste, une partie a besoin d'être peaufinée. Les quelques groupes sur lesquels j'accroche vraiment, je leur dit oui rapidement.»

«J'ai su rester à mon niveau»

Après avoir fait son choix, Alain Ricard propose un contrat de distribution, généralement de cinq ans : Brennus ne s'investit pas dans la production, mais se charge de distribuer des productions indépendantes. Une nuance qui explique en partie sa longévité : «J'ai vu plusieurs labels se planter. C'est donc une immense satisfaction personnelle que de sortir ce 100e CD. J'ai su rester à mon niveau ce qui m'a permis de continuer. Sans ça, et si je n'étais pas bénévole, j'aurais sans doute du arrêter ou passer à des musiques plus commerciales.» Depuis 1994, Alain Ricard a vécu de grands moments, notamment quand «Bruno Dolheguy, le chanteur de Killers, m'a rappelé pour un accord après un échec des négociations portant sur leur album «Contre Courant». La sortie d'un live inédit de High Power en hommage au chanteur qui s'est suicidé après la séparation du groupe, fait aussi partie de ces moments forts.» Au chapitre des déceptions, le Sénonais d'adoption regrette principalement de s'être fait «descendre dans la presse», par un groupe à qui il avait «mis le pied à l'étrier», groupe qui venait de signer pour label plus important.

Brennus étend ses ailes

La nouvelle galette de Killers, doyen du heavy metal français, portera la référence BR 80100. Le fruit du hasard ? «En fait, confie le responsable de Brennus, il aurait du être le 99e ou le 101e. J'ai donc forcé un peu le hasard pour qu'il soit le 100e car je suis très fan de Killers.» Si cette 100e sortie représente un cap, le label manager ne compte pas se reposer sur ses lauriers. «Mon but est de m'occuper de plus en plus de l'export et de continuer à sortir des albums au même rythme, soit une grosse dizaine par an.» L'association Brennus Music doit devenir une SARL (Société Anonyme à Responsabilité Limitée), début 2003. Sa filiale actuelle, Brennus International, dédiée au hard rock international et forte de cinq groupes, doit aussi prochainement changer de nom et entériner sa collaboration avec le label Thundering Records pour devenir BTI, Brennus Thunder International.

Thomas GIE


Le site officiel de Brennus Music

Cet article est paru à l'origine sur Yonne Mag